Chroniques - Facilities, site du Facility management Chronique

  • Le travail, un droit ou un devoir?

    Dominique Chartier Consultante senior AJC

    Dominique Chartier - Facilities, site du Facility management

    Les États Unis ont leur 5ème amendement, nous avons le 5ème alinéa du préambule de la Constitution qui affirme « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Notre Premier ministre y a fait référence, le confrontant au 7ème alinéa plus connu, en lançant « Les Français (…) savent que la grève est un droit, mais je crois qu’ils savent aussi que travailler est un devoir » en réaction au  mouvement de grève perturbant la circulation des trains en plein week-end de vacances scolaires.

    On peut être tentés d’opposer le droit de grève et le devoir de travailler comme s’ils avaient la même valeur mais cela tient de l’illusion. Un solide principe rhétorique veut que dans une antithèse, ce qui vient après le « mais » prédomine. On peut ainsi exprimer tout aussi bien l’inverse: « C’est vrai que nos textes posent un devoir de travailler, mais le droit de grève est constitutionnel », tout le monde entend alors que c’est le droit de grève qui doit avoir la prééminence.

    La dimension implicite du discours est au cœur de l’actualité. La suppression progressive de l’ASS – qui pourrait représenter quelque 2 milliards de dépenses en moins – encouragerait les demandeurs d’emploi en fin de droits à revenir sur le marché du travail. Elle s’inscrit dans l’ambition générale de « déverrouiller le travail en incitant à l’activité ».

    Une autre initiative, le RSA sous conditions, déjà expérimenté dans 18 départements depuis décembre 2022, sera étendu cette année à 47 territoires – soit près de la moitié du pays – avant une généralisation en 2025. Les bénéficiaires du RSA sont tenus à  15 à 20 heures de formation, de stage, d’insertion en contrepartie de l’allocation « pour accompagner de façon rénovée et intensive le retour à l’emploi de 100% ».

    « Chercher un modèle social plus efficace et moins coûteux, ce n’est pas un gros mot, c’est un impératif », a assumé le Premier ministre. Cette volonté se heurte toutefois à une logique juridique aussi simple que têtue. La reconnaissance d’un droit, implique… d’admettre le droit de ne pas l’exercer !