Chroniques - Facilities, site du Facility management Chronique

  • Et si les employeurs considéraient l’expérience du cancer comme une ressource plutôt qu’un frein ?

    Gisèle De Campos Ribeiro Professeure associée à Paris School of Business

    Gisèle De Campos Ribeiro - Facilities, site du Facility management

    Tribune, rédigée par Judith Partouche-Sebban, Saeedeh Rezaee Vessal et Gisèle De Campos Ribeiro de la Chaire Living Health de Paris School Business.

    Selon les estimations de 2018, environ 382.000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chaque année en France et on estime qu’environ 3,8 millions de personnes vivent avec ou ont guéri d’un cancer. Ainsi, environ 1 personne sur 3 perd ou quitte son emploi dans les deux ans après un diagnostic de cancer, et 12 % des salariés déclarent avoir subi du rejet ou des discriminations au moment du diagnostic de la part de leurs collègues de travai

    Lors de la deuxième vague du Covid-19[1] nous avons interrogé 158 personnes touchées par le cancer (en cours de traitement ou en rémission) et 200 personnes sans expérience du cancer, se définissant comme étant en bonne santé. Les résultats sont sans appel : ceux qui ont vécu cette expérience traumatisante représentent une ressource essentielle en entreprise à ne pas sous-estimer.

    Concernant les caractéristiques attribuées à l’intelligence émotionnelle telles que l’acceptation des émotions, 73 % des patients n’ont pas peur de leurs émotions, chez les non-patients c’est le cas de 58 % des répondants. Concernant la résilience, 76 % des patients affirment posséder des ressources nécessaires pour faire face à des situations difficiles dans leur vie quotidienne. Chez les non-patients, cette proportion est de seulement 17 %.

    Les patients semblent également présenter une attitude globale plus positive et optimiste : 80 % des patients affirment qu’ils apprécient la valeur de chaque jour qui passe, contre seulement 65 % chez les non-patients. De plus, ils sont 61 % à affirmer « j’essaie toujours de voir le bon côté des choses », chez les non-patients ce pourcentage est de 46 %.

    Concernant la confiance en soi, 78 % des patients se décrivent comme des personnes confiantes et énergiques, contre seulement 67 % des répondants du groupe des non-patients. De plus, les patients sont 76 % à affirmer « j’arrive à atteindre mes objectifs malgré les obstacles » contre seulement 64 % des non-patients.

    En conclusion, savoir reconnaître et gérer ses émotions pour rebondir face à l’adversité sont des atouts majeurs pour les organisations. L’expérience du cancer semble faire ressortir une forte capacité de résilience, ainsi que des ressources émotionnelles et relationnelles essentielles dans la vie professionnelle. Les entreprises mériteraient ainsi de changer leur regard sur les « cancer survivors » afin d’intégrer au mieux leurs contributions à l’efficacité des organisations.

    [1] Etude réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 358 personnes (158 patients en oncologie et 200 non-patients), 64 % des femmes et 36 % d’hommes dont l’âge moyen est de 49 ans.