Chroniques - Facilities, site du Facility management Chronique

  • Semaine de 4 jours ou semaine en 4 jours ?

    Emmanuelle Léon, Professeure associée et Yaëlle Amsallem, Doctorante, ESCP Business School

    Emmanuelle Léon, Professeure associée et - Facilities, site du Facility management

    La semaine de quatre jours apparaît en France dès les années 90 comme une revendication politique et économique de partage du travail. L’objectif est de réduire le nombre d’heures travaillées afin que davantage d’individus accèdent à l’emploi.

    Cette formule développée dès 1993 par l’économiste Pierre Larrouturou est appliquée en 1996 avec la loi de Robien sur l’aménagement du temps de travail. Toutefois, cette loi est abrogée au début des années 2000 avec la réforme des 35h.

    La crise du Covid et les nombreux confinements ont remis ce débat au goût du jour, et pas seulement en France. La généralisation du télétravail, l’utilisation de nouvelles technologies, le développement de la flexibilité ont profondément transformé la manière de travailler. Cette période a également renforcé le désir des salariés de mieux équilibrer vie personnelle et vie professionnelle. Résultat : en 2022, 61% des salariés français préfèrent avoir davantage de temps libre même si cela veut dire gagner moins d’argent. Ils n’étaient que 38 % en 2008.

    Comme le souligne Éric Heyer économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : « Il ne faut pas confondre la semaine “de quatre jours”, qui réduit le temps de travail, et la semaine “en quatre jours”, qui le comprime. » Le défi est alors de parvenir à travailler autrement afin que la qualité du travail ne pâtisse de son intensification.

    Testée par l’Europe du Sud (Espagne, Portugal), la semaine de 32h repose sur l’idée de maintenir la productivité du travail en identifiant et en réduisant les moments jugés inutiles, en allégeant certains process, notamment de reporting, ou encore en limitant la participation aux réunions. Travailler moins, soit, mais surtout travailler mieux.

    On retrouve également sous ce second visage l’idée que les technologies vont compenser la perte éventuelle de productivité, thème récurrent depuis la publication de l’ouvrage La Fin du travail en 1995 par l’essayiste américain Jeremy Rifkin. L’arrivée de l’intelligence artificielle générative le remet au goût du jour. Bill Gates parle même de l’arrivée prochaine de la semaine de trois jours.