Chroniques - Facilities, site du Facility management Chronique

  • Un bon manager sait manager sans bureau

    Félix Traoré Doctorant en sociologie

    Félix Traoré - Facilities, site du Facility management

    L’énoncé résume le discours que l’on tient aux managers avant de les déloger de leurs bureaux pour les installer en open space. Mais au-delà des ressorts économiques de la tendance, c’est bien la fonction d’encadrement et ses conditions d’exercice qui sont en jeu.
    Dans des organisations voulues plus horizontales, plus « agiles », le manager ne devrait plus s’envisager comme un supérieur hiérarchique chargé de contrôler la bonne exécution du travail, mais comme un «facilitateur » dont la mission serait d’aider les autres à réaliser leur potentiel.
    En toute logique, cette nouvelle figure ne pourrait s’incarner qu’au milieu de la mêlée, et non dans le retrait d’un bureau qui matérialise la distance hiérarchique. Il suffirait donc que nos managers renoncent à des privilèges d’un autre temps et dépassent leur peur du déclassement pour s’apercevoir que l’open space leur facilite la tâche.
    Dans la vie réelle, les missions du manager ne remplacent pas les missions plus traditionnelles, mais s’y additionnent. Ce cumul les contraint à une gymnastique comportementale toujours plus complexe.
    On attend d’eux qu’ils se montrent accessibles et empathiques, tout en se gardant bien de communiquer leur propre stress, leur fatigue ou leurs agacements. Ils sont censés favoriser l’esprit de camaraderie et laisser plus de place à l’informel, mais on leur reproche très vite de manquer d’autorité quand ils ne réagissent pas immédiatement devant des propos ou des attitudes déplacées. Ils doivent se montrer capables de prendre du recul sans pour autant cesser d’être disponibles.
    La « transformation managériale » décrit un mouvement à travers lequel leur légitimité se voit de moins en moins garantie par le statut qui leur est accordé par l’organisation – et dont leur bureau était l’attribut le plus tangible. Ils doivent la conquérir en mettant en scène des dispositions personnelles.
    Aussi, une décision immobilière, sans examen de tous ces aspects et un accompagnement solide, peut bien en appeler à la capacité des intéressés à se réinventer, mais elle a toutes les chances de créer des situations de fragilité.