Chroniques - Facilities, site du Facility management Chronique

  • La réalité physique du monde numérique

    Michel Robert Professeur des Universités, Université de Montpellier

    Michel Robert - Facilities, site du Facility management

    Le monde numérique s’est construit depuis une quarantaine d’années autour de machines informatiques concentrées dans des réseaux de data centers qui constituent le nuage numérique ou « cloud ». Ce « nuage », d’apparence immatérielle, repose en fait sur des infrastructures distribuées et interconnectées à l’échelle de la planète. On recense à ce jour près de 5.000 data centers dédiés ou mutualisés répartis dans 127 pays dans le monde, certains pouvant héberger des dizaines de milliers de serveurs.

    Beaucoup d’usagers faute de disposer d’une infrastructure informatique autonome et robuste, compte tenu des coûts d’acquisition, de maintenance, de sécurisation, de mise à jour, font appel à des sociétés spécialisées qui vendent leur maîtrise de la sécurisation des données. Notons aussi que les enjeux de souveraineté des États dans l’accès aux données sont cruciaux. La distribution des données et de leurs traitements à l’échelle de la planète – et un jour de l’espace avec des grappes de satellites établissant les communications entre serveurs – offre de nombreux avantages sous réserve d’une bonne compréhension des limites physiques des infrastructures utilisées, notamment en cas d’accident.

    Où sont stockées mes données ? Comment sont-elles protégées, sécurisées et sauvegardées ? La CNIL rappelle en particulier les obligations en matière de notification en cas d’indisponibilité ou dans le pire cas de destruction de données personnelles déposées dans un data center. La notion de qualité de service est donc essentielle !

    La réalité physique du monde numérique pose aussi la question des ressources énergétiques nécessaires à ces infrastructures. L’empreinte environnementale de nos périphériques numériques connectés et des infrastructures de communications, calcul et stockage ne peut être ignorée : la part globale du « numérique » dans les émissions de gaz à effet de serre augmente chaque année et dépassera bientôt les 5%, avec une consommation en énergie de 2000 térawatts-heures soit 10 % de la demande mondiale d’électricité.
    Mais, des solutions scientifiques et technologiques émergent pour fiabiliser et accompagner les transitions numériques et énergétiques qui sont indissociables.